Me voici à J-37 ! Le compteur tourne et l’envie de vous faire partager un petit bilan de ma grossesse avant la dernière ligne droite se fait sentir :
La grossesse nous apprend à faire doucement le deuil de plusieurs états ou statuts. On bascule dans une autre dimension, celle de « LA femme enceinte » avec tous les bouleversements que cela implique. Le mieux étant de les accepter avec sourire pour se rendre la vie plus légère !
Fini le temps où…je gambadais comme une biche. Aujourd’hui, dans la rue ou dans les escaliers, je n’arrive pas à accepter l’idée de me faire doubler par des papy/mamy…Rrrrhh trop frustrant ! Inutile de vous dire que les talons ont été totalement écartés de mes pérégrinations urbaines sous peine de faire du surplace.
Au bout de 10 marches, obligée de reprendre son souffle. Et pour peu que votre baby fasse du pole dance dans votre bidon à ce moment-là, votre ascension va vite devenir périlleuse. Prévoyez tente et bivouac le temps de repartir de plus belle.
Fini le temps où… on se faufile comme une petite souris. Parfois, on a tendance à oublier qu’on a un gros ventre, on pense pouvoir passer entre deux chaises, et puis la réalité reprend le dessus… Ca ne passe pas ou plus.
Il y a donc le moi d’avant et le moi de la grossesse. Il faut se faire une raison. Enceinte, on-est-une-autre !
La maternité aide à savoir « prendre son temps ». Elle nous apprend la patience, l’acceptation inévitable de soi de ce « nouveau soi ». C’est un jeu d’attente et de transformations…
Fini le temps où en un coup d’abdos, je me relevais avec élégance du canapé. Désormais avec mon gros bidon, il me faudrait presque l’aide d’une grue pour me relever. Je me sens comme une tortue retournée sur sa carapace. Aujourd’hui, se relever relève du parcours du combattant ! Une opération commando en 3 temps : donner une petite impulsion (qui peut vite devenir laborieuse pour peu qu’on ait une sciatique), basculer sur le côté, puis se relever comme si de rien n’était….
Devoir demander de l’aide pour les gestes du quotidien peut devenir pesant quand on aime bien faire les choses soi-même en toute autonomie. Mais c’est pour la bonne cause !
Fini le temps où je m’endormais paisiblement en 2 secondes chronos : désormais dormir n’est pas une mince affaire, trouver une bonne position nous prend la moitié de la nuit. On finit par dormir en position quasi assise pour éviter des déconvenues gastriques.
S’habiller est semé d’embûches : enfiler une paire de chaussettes peut devenir le sport de votre journée ! Pour cela, incliner légèrement vos chevilles en parallèle de votre corps et ajuster la chaussette tant que votre pied tient encore dans votre main. Il faut être rapide et efficace. Je ne vous parle pas du vernis à ongles sur les pieds, je n’ai pas osé m’en appliquer ! Savoir RE-NON-CER, je vous dis…!
Enceinte, on bat des records : les insomnies plus ou moins fréquentes selon les étapes de la grossesse m’ont amenées à faire une galette des rois à 7h du mat’ ! Et encore j’ai attendu une heure correcte, j’aurai pu la faire à 5h30…!
Une expérience intérieure qui se voit à l’extérieur : le ventre « B.O.U.G.E ». Les gens avec qui vous parlez finissent par regarder davantage votre ventre se mouvoir de gauche à droite et de haut en bas plutôt que de vous écouter. Votre ventre devient une attraction à part entière. Vous êtes une propriétaire qui loue son espace ventral, un kangourou à poche invisible : vous devenez un ventre sur pattes en quelque sorte. J’exagère, vous trouvez ?
La maladresse : je ne sais pas vous, mais depuis que je ne peux plus me baisser, je fais tout tomber. Je ne tiens plus rien dans mes mains (et pourtant, c’est pas faute de faire attention !).
On dirait que la loi de la gravité est différente dans notre monde. Tous les objets s’évertuent avec malice à nous échapper des doigts. C’est pour nous faire faire de l’exercice ou quoi ?
La mémoire qui nous joue des tours ! Combien de fois me suis-je retrouvée dans une pièce de l’appartement sans savoir pourquoi j’y allais…
Le fameux phénomène du « neurone unique » ne me faisait pas sourire mais là, il faut bien reconnaître que je suis en plein dedans.
Les allers/retours incessants aux toilettes : des pauses pipi aussi nombreuses en 9 mois que dans toute une vie. Et c’est crescendo en plus !
Les égards des gens dans les transports : niveau zéro ! A Paris en tout cas, personne ne prête attention à votre état, personne ne vous propose sa place dans les transports (à moins de lui mettre votre nombril proéminent sous le nez). Rares sont ceux qui vont vous proposer de passer avant tout le monde lorsque vous faites la queue.
Déçue de voir les gens aussi indifférents, enragée de voir que des mecs utilisent la file « femme enceinte/handicapé » pour gagner du temps chez Monoprix…, effrayée devant cette fourmillière de personnes qui n’hésiteraient pas un seul instant à vous bousculer pour gagner une seconde de leur trajet.
A côté de la cela, heureusement, certaines personnes font preuve de gentillesse et de courtoisie (certaines caissières, des mamans qui se souviennent ce que c’est que d’être d’être enceinte…)
Mais face à ce lot d’inconforts, bien d’autres aspects positifs viennent nourrir cette formidable aventure :
La peau n’a jamais été aussi rayonnante. L’aura de la femme enceinte existe bel et bien ! Un teint naturellement frais et clair qui vous donnerait presque envie de vous passer de maquillage.
Les cheveux sont épais et brillants comme jamais. Je les ai même vus s’éclaircir au fil des mois. Un balayage naturel le truc !
La poitrine : la voir devenir plus généreuse et porter des soutien-gorge avec une taille en plus !
L’alimentation : je parle en mon nom, les produits frais et bons pour bébé m’attirent spontanément. Je mange équilibré et ce sans effort.
La souplesse : nos ligaments se préparent et on gagne en souplesse paraît-il.
Les prises de sang mensuelles appréhendées comme une banale routine… enfin presque !
Voir le futur papa s’impliquer à fond dans les cours d’haptonomie et de préparation à la naissance : être le seul papa présent et répondre aux questions de la sage-femme avec un sans faute !
Apprendre que c’est une petite fille et ne pas redescendre de son nuage !
Imaginer la petite frimousse de notre baby : la découvrir aux échographies, se demander quels seront ses traits, sa couleur de cheveux…
Pouvoir se lâcher sur la déco en créant la chambre de vos ses rêves
Prendre plaisir à faire soi-même des petits vêtements et se découvrir des talents tricot, couture…
Sentir à deux ses premiers mouvements avec émotion, se demander dans quelle position elle est, s’émerveiller de toutes ces gesticulations, se rassurer en se disant qu’elle sera tonique !
Imaginer notre vie désormais à 3 !
« La maternité, une échelle pour accéder à une nouvelle sphère »
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